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1919, Perdido en Alabama. Une crue aussi brusque qu'imprévisible, inonde entièrement la ville. Rien ne résiste à l'eau, tout y passe, même les plus belles demeures sont submergées. Les habitants se réfugient plus loin, près de l'église. Durant ce temps, quelques volontaires naviguent sur les canaux grâce à des barques à la recherche de personnes encore prises au piège. Tout est vérifié attentivement. C'est alors que deux hommes trouvent une femme coincée au premier étage de l'hôtel Osceola. Elle semble en bonne santé et serait là, seule, sans eau ni nourriture, depuis quatre jours. C'est une étrangère arrivée en ville depuis peu. Elle s'appelle Elinor Dammert. Sauvée des eaux, elle est conduite auprès des gens de la ville en attendant que la crue se retire. A ce moment là, on ne sait pas encore que cette femme va jouer un grand rôle dans le destin de la ville de Perdido, mais également au sein d'une des plus grandes familles de la région. "Blackwater" est publié pour la première fois en 1983. Cette saga est une série familiale divisée en six tomes par les éditions Monsieur Toussaint Louverture dans cette nouvelle édition aux superbes dorures. Dans "La crue", premier volet, l'auteur place le contexte. Nous sommes au lendemain de la Première Guerre mondiale au sud des Etats-Unis, à la frontière des états du Mississipi et de la Floride. Perdido est une petite bourgade bordée par les rivières Perdido et Blackwater. Trois familles bourgeoises, propriétaires de scieries, y sont installées et font vivre aisément les habitants. Parmi elles, se trouve la plus importante, la famille Caskey dirigée par une femme de poigne : Mary-Love Caskey. Mary-love règne sur le clan avec un main de maître. Mère d'Oscar et de Sister, tous deux encore célibataires, elle aime également s'occuper de Grace, la fille de son neveu qui habite la maison d'à côté. Alors que tout le monde s'attelle à faire face aux dégâts causés par la crue, à remettre en état ce qui peut être sauvé et à nettoyer la ville, la matriarche affronte un imprévu de taille. C'est l'arrivée d'Elinor, une étrangère aussi séduisante que mystérieuse. Elinor a la vingtaine. Elle est belle avec ses cheveux couleur ocre. C'est une femme au passé trouble. On ne l'a jamais vu, on ne sait pas qui elle est et dit venir occuper le poste d'enseignante, dorénavant libre. Logée dans la maison de James Caskey, le neveu de Mary-Love, Elinor ne manque pas de faire parler d'elle. Outre sa beauté, c'est une femme qui ne se mêle ni aux commérages, ni aux histoires qui circulent. Grace se prend d'affection pour elle. James lui fait totalement confiance. Oscar se rapproche de la nouvelle enseignante. Ecrit dans un style fluide et léger, ce premier tome a été lu en une journée. L'auteur a un style que j'aime beaucoup. Les pages défilent toutes seules. On a l'impression de suivre une série à la télévision. C'est entraînant et bien décrit, on s'y croirait presque. Il n'y a aucune lourdeur dans les descriptifs, c'est simple et efficace. J'ai aimé cette entrée dans la vie de Perdido et surtout dans celle de la famille Caskey. Manigances, mystères et secrets de famille sont au programme de cette excellente lecture qui frôle le coup de coeur tellement j'ai été embarquée. Les personnages sont vraiment intéressants. J'ai énormément aimé celui d'Elinor dont la personnalité m'intrigue. J'ai hâte d'en savoir plus à son sujet. (Babelio)

A l'été 2020, dans un fjord de l'ouest de l'Islande, un homme s'éveille sur un banc dans une petite église. Il ne comprend pas ce qu'il fait là, il ne se rappelle pas comment il est arrivé dans cet endroit. Pire, il ne se rappelle pas qui il est, il ne sait même pas s'il rêve, s'il est mort ou vivant. En sortant de l'église, il découvre dans le cimetière une pierre tombale portant l'inscription « Ton souvenir est lumière, et ton absence ténèbre ». Toujours aussi perdu, il y rencontre une femme, qui le reconnaît. L'inverse n'étant pas vrai, l'homme comprend qu'il est amnésique, mais n'en dit rien et fait semblant, tentant de donner le change. Il rencontre ensuite la soeur de cette femme, puis d'autres personnes qu'il est censé connaître mais dont il ne se souvient pas. Au fil des conversations avec les uns et les autres, il assemble peu à peu les tranches de vie et reconstitue la généalogie d'une saga familiale. Une histoire qui en réalité a débuté 120 ans plus tôt, lorsqu'une femme du peuple a osé écrire un article sur le lombric, ce « poète discret œuvrant dans la nuit de la glèbe », et qu'elle a osé l'envoyer à une revue scientifique locale qui décide de le publier. Cette femme ne se doutait pas alors qu'elle allait dévier le cours du destin. Au début tout est nébuleux et flou pour le narrateur (et pour le lecteur), mais peu à peu les morceaux d'histoire s'imbriquent les uns dans les autres et chaque génération prend sa place sur l'arbre généalogique. Les ténèbres s'éclaircissent peu à peu pour le narrateur, sans disparaître complètement. Il est beaucoup question de perte, de deuils, de tristesse, de stagnation, d'ombre et de mélancolie, de sacrifices et de renoncements. Mais tout est dans tout et chaque revers a sa médaille, alors on trouve aussi dans ce roman de la lumière douce, du bonheur tendre, de l'amour, du désir, du sexe, de l'humour et de la joie, du mouvement et de la vie. Et de la poésie, des lettres envoyées ou pas, même aux morts, des coups de téléphone et des e-mails qui arrivent à temps ou non. On croise Zola, Hölderlin et Kierkegaard, des réfugiées syriennes, des touristes japonais, des moutons, des chiens et un chat qui a le mal des transports. On y tire à la carabine sur des poteaux ou des camions, on s'y soûle sous les étoiles et surtout on entend beaucoup de musique avec la « compilation de la Camarde », parce que « le désir le plus brûlant de la mort est d'embrasser la vie, mais chaque fois qu'elle se risque à l'étreindre, elle l'anéantit. C'est là sa plus grande douleur, une douleur que seule la musique a le pouvoir d'atténuer ». « Ton absence n'est que ténèbres » est un roman un peu déroutant au début parce que sa narration n'est pas chronologique. Mais on apprend très vite à relier les fils entre eux, et la lecture devient alors addictive. Tous les mystères ne seront pas résolus à la fin, on ne saura pas tout, mais c'est sans doute mieux comme ça, parce que: « Celui qui sait tout ne peut pas écrire. Celui qui sait tout perd la faculté de vivre, parce que c'est le doute qui pousse l'être humain à aller de l'avant. le doute, la peur, la solitude et le désir ». Un brin onirique et très nostalgique, ce roman raconte avec un souffle impressionnant des histoires d'amour sublimes et questionne les thèmes de la mémoire, de la transmission et des choix (ou de l'absence de choix) qui déterminent une vie (« On doit toujours choisir de deux choses l'une, mais qu'importe celle que vous choisissez, cela créera toujours un trou noir quelque part. Dans ce cas, comment vivre? »). « Ton absence n'est que ténèbres » est un de ces rares romans dans les phrases duquel on a envie de s'enrouler tellement l'histoire et l'écriture sont belles, dont on n'a pas envie de sortir tellement on s'y sent bien même si on est heureux et triste en même temps. Coup de cœur pour ce livre ambitieux, lumineux, déchirant, bouleversant, magnifique. (Babelio)

« La petite lumière » est un texte au pouvoir magique qui envoûte le lecteur pour le laisser à la fin pris entre enchantement et étouffement, émerveillé comme cet homme devant la beauté fragile de la vie, les lucioles, trois lys odorants, un vol d’hirondelle mais aussi sa prolifération destructrice. Cet homme seul nous dit dès le début : « Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant.»
 Il va nous entraîner entre la vieillesse du monde et sa renaissance éternelle, au sein de la lutte pour la vie dans un enchevêtrement monstrueux : « un furieux enchevêtrement muet de formes nées des graines portées par le vent ou par d’autres bombes qui pullulent dans le ventre pourri du monde, et qui entament leur lutte pour grimper vers le haut, vers la lumière. » Mais à l’inquiétude et l’angoisse des moments où il se dit : « Il n’y a rien ! Il n’y a rien ! », je me disais en rentrant en voiture au long de ces lacets de plus en plus serrés et déserts au fur et à mesure que je m’approchais de l’endroit où je vis. « Il n’y a, en tous lieux, que cette pullulation désespérée de vie et de mort à travers le temps, l’espace, que cette imagination désespérée… » va répondre « la lucina », la petite lumière dont il ne sait d’où elle vient, qui le fait se questionner : « quand le soleil disparaît à derrière la ligne de crête et qu'il commence à faire nuit, et que tout ce monde végétal devient invisible et noir comme une grande éponge nocturne, de l'autre côté, là-bas, au loin, chaque nuit, chaque nuit, toujours à la même heure, s'allume soudain cette petite lumière. » Entre pulsion de vie et de mort cet homme solitaire va aller, de questionnement en questionnement, à la rencontre de son enfance retrouvée. (Babelio)

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